Phèdre(s) par Krzysztof Warlikowski, Grand Théâtre de la ville de Luxembourg.

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Hier et aujourd’hui, au Grand Théâtre de la ville de Luxembourg passe ‘Phèdre(s)’, pièce créée il y a un an et mise en scène par Krzysztof Warlikowski, autour d’Isabelle Huppert – magnifique et puissante et sans cesse sans âge, mais aussi avec Agata Buzek, Andrzej Chyra, Alex Descas, Gaël Kamilindi, Norah Krief, Grégoire Léauté et l’incroyable Rosalba Torres Guerrero. Cette danseuse qui oscille entre bestialité et douceur, entre masculin et féminin, entre Eros et Pathos, nous livre une performance d’une féminité à la fois dansante, nonchalante et menaçante, de toute la puissance de cette féminité, malgré ses nombreuses brides sociales, politiques et culturelles. ‘Phèdre(s)’ de Warlikowski est lourd, compliqué, dur, convulsif et effronté. Le spectateur n’est pas pris par la main. Ici, un retour à un jeu incarné et livré par le corps, surtout celui d’Isabelle Huppert et donc aussi de la superbe danseuse, Rosalba Torres Guerrero. Ainsi, pour l’instant, pour résumer: au pire, on s’attache à ce qu’on ne parvient que nommer ‘hystérie’ ou ‘vulgarité’ – mais au mieux, on s’interroge et s’interrogera encore longtemps après la fin, sur la complexité du mythe de Phèdre, son amour inconditionnel envers Hippolyte, de ces amours brûlants. Mais on s’interrogera aussi sur le fait d’être et de représenter un genre particulier, d’en faire partie malgré tout, d’être inscrit dans un entendement sociétal et de faire les choix, ses choix en fonction de ce genre, ce statut. En somme, Warlikowski parvient une fois de plus à nous dépeindre l’une parmi toutes les folies contre nature(s) auxquelles nous nous soumettons, presque tous.

Pour accompagner, voici une interview que Kulturstruktur a réalisé avec le metteur en scène, il y a deux ans. Un intéressant flashback à redécouvrir.

Texte: Karolina Markiewicz

Krzysztof Warlikowski interview from Kulturstruktur on Vimeo.

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